08 novembre 2004

Billet d'humeur : Les veuves et orphelins du Fisc

J’imagine que comme moi, quelques centaines de milliers de contribuables français vérifient nerveusement leur situation bancaire afin de savoir si leur « tiers » a été prélevé. Si nous ne sommes que quelques centaines de milliers dans ce cas de figure, c’est probablement d’une part, parce que certains d’entre nous, soucieux de maîtriser leur trésorerie, mensualisent leur prélèvement et surtout parce que d’autre part, seulement un foyer fiscal français sur deux environ, est assujetti à l’impôt sur le revenu. Un impôt direct que nous sommes trop peu à payer donc, alors que la TVA, faussement indolore et inodore, est payée par tous sans distinction. Cette situation m’interpelle. Je souhaite donc profiter de cette courte tribune mise à la disposition des plumes des lecteurs pour livrer à votre réflexion quelques pensées.

L’impôt sur le revenu a, me semble-t-il, un rôle de liant social totalement inexploité à ce jour. Payer ses impôts est douloureux, certes, mais cela crée en nous un sentiment fort de responsabilité vis-à-vis de la chose publique. Si la sécurité routière bénéficie de moyens toujours plus conséquents pour lutter contre les abus de moteurs surpuissants, si l’école est accessible à tous et que notre armée est l’une des plus puissante du globe, n’est-ce pas un peu grâce à cet impôt direct qui rapporta aux caisses publiques en 2001 3.3% du PIB de la France, soit l’équivalent de l’impôt sur les sociétés? Or les patrons sont solidaires, unis et volontaires. Leurs efforts convergent bien souvent. Contraints et forcés, c’est vrai, mais soudés, ils forment une communauté.

Imaginez un instant que nous payâmes tous l’impôt sur le revenu, tous un peu moins, et que bien entendu, les plus riches paient davantage que les plus pauvres. Et bien je crois que nous jouirions alors d’une vie un peu meilleure en société. Fin des échappatoires (dispositions diverses « d’aide à la pierre » etc.) qui contrecarrent la progressivité de l’impôt sur le revenu et qui augmentent bien souvent les distorsions issues du système fiscal. Autre avantage, responsables devant l’état des biens publics, il est fort probable que les actes anti-civiques entraînant des dépenses de maintenance inutiles seraient bien moindres. Enfin, comme groupe, unis, nous pourrions exercer une pression plus soutenue sur le niveau et la nature des dépenses publiques qui nous mettent en ce moment au banc de la Communauté Européenne. Beaux exemples ! Au lieu de cela, nombreux de mes semblables contribuables, conspuent les non assujettis et entretiennent contre leur grès un clivage social bien mal venu, qui pollue chaque année un peu plus la qualité de vie dans nos cités.

Tous redevables devant l’impôt direct sur le revenu !!! Seul credo pour avoir un ciment social fort, une jeunesse responsable et une société, à terme, peu être plus vivable. Ah, qu’il est bon de rêver parfois.

LVM

Cité en Commission des Finances dans le cadre du projet de loi de finance pour 2004 - JO N° 92 Pages 8898 À 8902 - http://www.senat.fr/commission/fin/11_20/11_207.html)

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