H. Upmann - Sir Winston (Churchill)
Que ceux qui n'apprécient guère les descriptifs dithyrambiques passent leur chemin car là je me suis fait scotché par un cig' ... et la seule solution pour en revenir que j'ai trouvé, c'est d'en parler (sorte de psychothérapie très efficace) : H. Upmann - Sir Winston.
Je suis calé confortablement dans ma méridienne, limite vautré , plusieurs thés sur la table dont un Pu-ehr. Ma cave est ouverte devant moi, elle baille suffisamment pour que je lui extorque un Sir Winston de ses entrailles carnassières. Bien rangés sur la clayette supérieure, « mes » Sir Winston ont conservés toute leur rondeur et c'est tant mieux. Conscient que j’ai à faire à un grand Monsieur, je me suis fait très plaisir sur le Sir Winston, mes sens en éveil.
Somptueux de visu : un corps athlétique bien élancé et viril, vêtu d’une cape maduro-colorado dépourvue de nervures. Délicat de "tactu" : cape grasse et soyeuse - palper sans faille, poupée généreuse --> Sir Winston promet monts et merveilles pour les 2h00 qui suivent.
Je décapite et à cru la complexité aromatique est évidente … mon palais n’a qu’à bien se tenir s’il veut pouvoir jouer les finauds et ressortir vainqueur de cette dégustation - allumage impec' ... c’est parti!!! D’emblée le Monsieur se révèle riche, envoûtant, profond et joyeux. L’équilibre semble parfait. La puissance est délicate (on est sur un churchill), parfaitement dosée. Ce Monsieur cigare offre une aisance qui m'accommode et m'invite à fouler les terres de son terroir qu’il défend si bien.
Tout ce qui fait un grand havane se trouve, par bonheur, ici réunit : finesse des arômes, ronde des saveurs, complexité enivrante, puissance maîtrisée mais robuste (sournoise même), final enchanteur, longueur en bouche délectable.
Les arômes évoluent depuis des notes de bois exotiques (ébène et acacia), sur du cuir et des notes plus chaudes de grillé (léger), de fèves de café et pour finir sur du poivre blanc, du lierre et d'autres saveurs herbacées. Je sais que je n’ai pas su distinguer tous les arômes, car je me suis laissé piéger par l’aisance déconcertante que cette vitole s’est octroyée alors qu'elle déployait ses atours.
La construction est parfaite et ne souffre aucun défaut. Pas besoin de briquet après l'allumage. Tout au plus ai-je rééquilibré la corolle à une ou deux reprises ... question d'esthétique!!! Un comble.
A mon goût si cette vitole n’incarne pas à elle seule l’apothéose du havane, elle fait partie de la « belle et grande équipe ». Production limitée, la qualité est a priori certaine et le bonheur d’en posséder quelques pièces aussi. Je me suis laissé dire que la composition de sa tripe exige les meilleurs crus et un soin minutieux, réservé aux meilleurs rouleurs. Dommage qu’il manque parfois d'un tout petit peu de précision aromatique (ça fait mieux si j’ai quelque chose à lui reprocher) et que sa fumée imprègne si facilement tout ce qu’elle caresse.
Un grand cru classé, un cigare de très grande race, mature, jubilatoire et étourdissant, plaisant et déconcertant. Mais cette vitole est comme un directeur de grande école, un prêtre cistercien qui, s’il ne prêche pas la soumission au Divin, exige toute l’attention et le sérieux de celui qui le déguste. Pas question de se laissé distraire. Aussi, comme toute les grandes vitoles il est une règle à suivre à la lettre (bien que je méprise les donneurs d’ordres en matière d’épicurisme) : veillez à ne pas l'allumez sans vous être assuré de disposer du temps, du calme et de la tranquillité qu'elle réclame.
Un vrai régal à cent balles (17 euros) !!!
Une subtile pièce qui a bien peu d'égaux mais se trouve facilement.
19/20
Amitiés & volutes,
Alban LVM
06 août 2005
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1 commentaire:
Alternative moins onéreuse mais à la parenté assez limpide jeune AMTHA: le monarch de la même maison.
J'ai un gros faible pour le pointu(H.Up2) qui, dans une bonne livraison, fait aussi penser à l'animal.
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